Classique

L’obscène oiseau de la nuit

L’obscène oiseau de la nuit de José Donoso

  • Auteur : José Donoso
  • Titre : L’obscène oiseau de nuit
  • Genre : Classique
  • Éditions : Belfond
  • Nombre de pages : 640
  • Parution : 17 octobre 2019
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Résumé

D’après Hector Bianciotti, José Donoso s’inspire d’un événement vécu (la vision fugitive d’un enfant difforme dans une voiture de luxe) et d’une légende remontant au XVIIIe siècle et qui concerne les Aizcoitia, une grande famille de propriétaires. Inés, leur seule fille parmi dix enfants, était une sorcière ; ils l’ont fait enfermer dans une couvent pour recluses où elle finit sa vie en sainte. Dans le roman, cette institution, délabrée, existe toujours et y vivent des vieilles femmes dont on ne sait si elles sont des domestiques, des guérisseuses ou des sorcières. Le dernier descendant des Azcoitia, Don Jerónimo, n’a pas d’enfant, et une sorcière intervient pour faire naître un fils. Celui-ci est difforme. Pour le protéger, Jerónimo crée dans un de ses vastes domaines une société de monstres où la difformité est vécue comme étant la normalité.

Mon avis

Tout d’abord, je tiens à remercier Netgalley et les Éditions Belfond pour leur confiance et grâce à qui j’ai pu découvrir ce roman.

Humberto, issu d’une famille humble, voue une admiration sans borne à Jeronimo Azcoitia. Cette attraction poussera Humberto à donner le meilleur de soi-même pour décrocher le poste de secrétaire auprès de Jeronimo. Commence alors un long changement de personnalité de la part d’Humberto, pour ressembler au plus près à la personne qu’il idolâtre tant.

C’est un bien maigre résumé et peu représentatif du cheminement tortueux de l’intrigue que je vous livre ici, tant la densité de ce roman est inouïe. Je ne suis pas spécialement au fait de la littérature de José Donoso, et je dois bien dire que j’ai du aller me renseigner à son sujet, tant j’ignorais quasiment tout de cet écrivain. Et pour cause, inexplicablement, ce roman est passé quelque peu inaperçu à l’époque de sa sortie.

La première de couverture nous annonce qu’il s’agit là de l’un des meilleurs romans hispanophones de tous les temps. Évidemment, il ne m’en fallait pas plus. Et mon rendez-vous avec la plume de cet auteur est passé par toutes les étapes possibles et imaginables. En effet, j’ai ressenti la peur de ne pas savoir apprécier la juste valeur de ce récit, le commencement d’un attachement unique avec ce style particulier, pour finalement finir conquise par l’univers proposé. Mais que de chemin parcouru pour en arriver, là, je dois bien le dire.

Ce roman est véritablement une expérience de lecture comme je n’en ai jamais eue. Il faut impérativement qu’en tant que lecteur, vous acceptiez de vous laisser porter par ce récit et que vous acceptiez le fait de ne pas tout maîtriser, voire comprendre. C’est ce que j’ai essayé de faire au départ et j’ai eu énormément de mal à rentrer dans l’univers proposé par Donoso. C’est parfois si irréel, si onirique, que je me suis demandée si réellement cela valait le coup de poursuivre cette lecture. La réponse est un grand oui, pour peu que j’ai accepté de me laisser porter.

Au travers de la narration de Mudito, l’auteur égrène une intrigue compliquée, particulière, d’une rare densité. Je ne sais pas si j’ai toujours compris ce que voulait faire passer l’auteur, ou si simplement il a laissé plus d’une fois discourir ses pensées au gré du papier. Malgré tout, l’histoire est remarquable et réellement complexe. On ne peut pas reprocher un manque de profondeur ici, loin de là.

La plume m’a paru vraiment belle, poétique même par moments. Elle est très en accord avec les autres romans hispanophones de l’époque contemporaine de Donoso. Ce n’est pas une plume compliquée, ce sont plutôt les cheminements que prend Donoso qui le sont, rendant cette lecture peu aisée, il faut bien le dire.

Un roman d’une rare densité qui constitue une réelle expérience de lecture. Il ne faut pas être pressé pour lire ce récit, et surtout, il faut accepter de se laisser porter, sinon il vous sera impossible d’apprécier ce livre. Même s’il est âpre à la lecture, il en vaut vraiment la peine, et c’est dommage de ne pas le découvrir.

Ma note : 17/20

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